Zio : Célébration de la fête d'Ayiza face au conflit de génération :  Quel rôle pour la jeunesse dans la sauvegarde du patrimoine culturel ancestral et traditionnel

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Zio : Célébration de la fête d'Ayiza face au conflit de génération :

 Quel rôle pour la jeunesse dans la sauvegarde du patrimoine culturel ancestral et traditionnel

SK.   Vendtedi, 08 Aout 2025

Dans le cœur vibrant de la préfecture de Zio, les cérémonies d'Ayiza, riches en histoire et en signification, se dressent comme un témoignage éloquent du patrimoine culturel de nos ancêtres  de la communauté. Ces rituels ancestraux, transmis de génération en génération, sont aujourd'hui confrontés à un défi majeur, le conflit de génération : comment assurer leur pérennité dans un monde en constante évolution, où la modernité exerce une influence grandissante, notamment sur la jeunesse ?

Un patrimoine culturel en équilibre fragile

Les cérémonies d'Ayiza, ou la fête du haricot qui va être célébré le 9 août 2025,  ne sont pas de simples spectacles folkloriques. Elles incarnent l'identité profonde de la préfecture de Zio, plus précisément, des fils et filles de Tsévié, ses valeurs, ses croyances et son lien indéfectible avec le passé et des rites ancestrales. Elles rythment la vie de la communauté, marquant les étapes importantes et renforçant le tissu social. Cependant, la mondialisation, l'accès accru à la technologie et l'attrait pour les modes de vie occidentaux exercent une pression considérable sur ces traditions.

La jeunesse : actrice clé de la sauvegarde

La jeunesse de Zio se trouve à la croisée des chemins. Elle est à la fois héritière de ce patrimoine culturel et porteuse d'une vision du monde façonnée par la modernité. Son rôle est donc crucial pour assurer la survie des cérémonies d'Ayiza. Malheureusement cette jeunesse semble de nos jours, se désintéresser des rites culturelles et ancestrales. La raison, ces jeunes pensent que ce qui passe avec la tradition, c’est du dépassé. Ils ont tout faux. Et pour cause. Un peuple sans culture est un corps sans âme. D’où la nécessité de les impliquer dans l’organisation des rites que nos ancêtres nous ont laissées comme héritage. Comme on le dit souvent, « nous sommes les héritiers de ce qui sont morts, les associés de ceux qui vivent et la providence de ceux qui naitront ».   

Le défi de l'engagement 

L'intérêt des jeunes pour les traditions ancestrales est parfois éclipsé par leur fascination pour les nouvelles technologies et les cultures populaires. Il est donc essentiel de trouver des moyens créatifs et innovants pour les impliquer activement dans la sauvegarde du patrimoine. C’est dans ce sens que la chefferie traditionnelle entre en jeux :

« Chaque peuple, chaque nation, possède sa propre culture et tradition. Nous, les enfants de Tsévié, avons nos propres coutumes. Ayiza représente une célébration de nos ancêtres que nous commémorons chaque année depuis plus de cinquante ans. A ceux qui affirment qu’Ayiza est une fête diabolique, je dirais qu’ils se trompent. On identifie une personne grâce à sa culture et nous, les éwés de Tsévié, honorons cette tradition que nos ancêtres nous ont transmise. Il est vrai qu’aujourd’hui, avec l’avancement de la technologie beaucoup de choses sont en voie de disparition. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous organisons des rencontres avec la jeunesse, pour leur inculquer nos valeurs culturelles et les encourager à en prendre grand soin » nous explique le chef Canton de la ville de Tsévié, Togbui PASSA Folly VIII.  

« Les jeunes peuvent être tiraillés entre le respect des traditions et leur désir d'embrasser la modernité. Ils peuvent percevoir certaines pratiques comme dépassées ou incompatibles avec leur mode de vie. Il est important de reconnaître et de gérer ces tensions, en encourageant un dialogue ouvert et constructif entre les générations ».

Malgré les efforts du comité d’organisation et de la chefferie traditionnelle pour impliquer les jeunes dans l’organisation de la fête Ayiza et la préservation du patrimoine culturel, un certain nombre d’entre eux restent sur leur soif.

« Autrefois, la jeunesse percevait cette culture comme de l’idolâtrie et en tant que chrétien, ils s’interdisaient d’y participer. Cependant, avec le temps, les jeunes ont commencé à s’intéresser à leurs racines et à tout ce qui s’y rattache (culture, tradition, etc…), mais ils souhaitent apporter une touche innovante à leur compréhension de la culture. Parmi leurs projets figurent : l’établissement d’un site touristique, la création d’un champ où cultiver le haricot et le rétablissement de la fête Ayiza, dédiée au canton de Tsévié. Cette dernière est actuellement considérée comme une fête préfectorale, alors que toutes les autres localités de la préfecture préservent leurs fêtes traditionnelles. Ainsi, les préoccupations exprimées par certains jeunes de Tsévié, c’est de solliciter les dirigeants de la préfecture, à inclure davantage de jeunes dans l’organisation des évènements associés à la fête Ayiza et à la prise de certaines décisions susceptibles de préserver la culture et les traditions du canton de Tsévié.

Des pistes pour un avenir harmonieux

Pour que la jeunesse puisse jouer pleinement son rôle dans la sauvegarde du patrimoine culturel, il est nécessaire de mettre en place des stratégies adaptées :

   Valoriser le patrimoine

 Mettre en lumière la richesse et la pertinence des cérémonies d'Ayiza, en soulignant leur dimension spirituelle, sociale et économique.

  Innover dans la transmission

 Utiliser les outils numériques et les plateformes modernes pour rendre le patrimoine accessible et attrayant pour les jeunes.

 Encourager le dialogue intergénérationnel

 Créer des espaces d'échange et de partage entre les anciens et les jeunes, afin de favoriser la compréhension mutuelle et de dissiper les malentendus.

 Soutenir les initiatives locales

 Apporter un soutien financier et logistique aux associations et aux individus qui œuvrent pour la sauvegarde du patrimoine culturel.

La sauvegarde du patrimoine culturel du peuple éwé de Tsévié, et en particulier des cérémonies d'Ayiza, est un enjeu majeur pour l'avenir de la communauté. La jeunesse, en tant que force vive et créative, a un rôle essentiel à jouer dans ce processus. En surmontant le conflit potentiel entre tradition et modernité, elle peut contribuer à préserver ce précieux héritage pour les générations futures, tout en construisant un avenir harmonieux et prospère pour la Population du Zio

Il convient de rappeler que la fête Ayiza cette année, est à sa 53e édition. Elle est placée sous le thème : « Tous ensemble pour un Zio plus uni, résilient et prospère ».

Bonne célébration de la fête traditionnelle et culturelle Ayiza 2025!