TOGO–RUSSIE : Sécurité / la bataille du Sahel, enjeu mondial

 

TOGO–RUSSIE : Sécurité / la bataille du Sahel, enjeu mondial

Un mandat africain, au-delà de l’UA

À Moscou, le Président du Conseil du Togo poursuit une mission discrète mais stratégique : sécuriser la région, défendre les intérêts africains et négocier l’accès aux intrant agricole en pleine crise mondiale.

Un déplacement qui n’a rien d’anodin

Dans un contexte géopolitique tendu, marqué par la polarisation accrue entre blocs occidentaux et orientaux, le déplacement du Président du Conseil de la République du Togo à Moscou pourrait prêter à interprétation. Pourtant, loin d’un alignement ou d’un geste symbolique, ce voyage s’inscrit dans une stratégie plus large : celle d’une diplomatie d’équilibre, fidèle à la tradition togolaise.

Depuis 2021, au lendemain de la crise de la COVID19 l’homme, choisi à plusieurs reprises comme facilitateur dans des crises africaines, mène une série de consultations allant d’Abou Dhabi à Rome, de Dakar à Lagos, en passant par les capitales sahéliennes. Un rôle discret, assumé loin des caméras, mais dont les résultats commencent à tracer l’esquisse d’un front commun africain pour la sécurité et le développement.

Un mandat africain, au-delà de l’UA

Contrairement à sa mission officielle de médiateur de l’Union Africaine, le Président du Conseil agit ici avec un mandat plus informel : porter la voix de plusieurs chefs d’État africains, qui voient en lui un relais crédible auprès de diverses puissances.

Il incarne, selon plusieurs sources diplomatiques : une diplomatie « sans tambours ni trompettes », mais fondée sur la confiance personnelle, la neutralité et la capacité à dialoguer avec toutes les parties. « L’Afrique ne cherche pas de blocs. Elle cherche des alliés pour sauver des vies », confie un proche du dossier. Une phrase qui en elle seule, résume la philosophie du déplacement.

Sécurité : la bataille du Sahel, enjeu mondial

Au cœur des discussions à Moscou, la sécurité dans le Sahel et le Golfe de Guinée, reste l’un des sujets capitaux, car pour le Togo, la menace terroriste n’est plus régionale elle est systémique : Les routes migratoires s’intensifient, les trafics illicites explosent et les mouvements terroristes cherchent des corridors vers les côtes.

« Le Sahel est la nouvelle frontière de la sécurité mondiale. Si nous perdons ici, tout le monde perdra », a rappelé le Président du Conseil. Et dans ce contexte, la Russie qu’on le veuille ou non, est un acteur incontournable avec lequel l’Afrique doit discuter, sans naïveté, mais sans fermeture.

Économie : une bataille stratégique pour les engrais

Parallèlement à la sécurité, l’agenda économique est tout aussi crucial. L’Afrique de l’Ouest, confrontée à la hausse mondiale du prix des fertilisants, cherche à sécuriser des approvisionnements durables.

Le Togo, qui envisage son usine d’engrais, fait face à des défis techniques : une forte teneur en ammonium du phosphate local, et un besoin d’expertise pour assurer la rentabilité du projet.

L’objectif est d’obtenir des quotas préférentiels pour l’Afrique de l’Ouest, renforcer la coopération technologique pour les futures unités togolaises, renforcer la chaîne de valeur agricole régionale.

Une diplomatie assumée, non alignée

Face aux critiques, portant sur un possible rapprochement avec Moscou, l’entourage du Président du Conseil insiste : Ce déplacement s’inscrit dans une tournée globale : Émirats, France, États-Unis, Angola, Afrique de l’Ouest ; Il vise à créer une architecture inclusive de sécurité, où toutes les puissances peuvent contribuer. Le Togo ne cherche pas une alliance : il cherche une coalition de moyens pour protéger les populations. « Aller à Moscou n’est pas un alignement : c’est un acte de survie pour des millions d’Africains. »

Après ce déplacement, le Président du Conseil devrait poursuivre ses consultations, notamment en Asie, avant de présenter un rapport détaillé à ses pairs. L’objectif étant de structurer un cadre africain cohérent, fondé sur la prévention, la médiation et la coordination.

Un artisan de la paix en construction

À Lomé, son rôle s’est affirmé discrètement, notamment lors des échanges avec les présidents du Sénégal, du Niger et du Burkina Faso. Ce positionnement, combiné à sa capacité à maintenir une ligne de communication ouverte avec toutes les grandes capitales, fait de lui un interlocuteur utile, recherché, et désormais écouté. À Moscou, le Président du Conseil du Togo ne vient ni pour trancher ni pour s’aligner. Il vient pour parler sécurité, engrais, agriculture, coopération, et surtout survie collective. Loin des logiques de blocs, son déplacement rappelle une évidence stratégique : « L’Afrique n’a pas besoin de diviser le monde. Elle a besoin que le monde l’aide à ne pas se diviser elle-même. »